Richard goûte aux joies de la paternité
Janvier 998.
L'attente était insupportable. Les servantes s'étaient affairées dans tous les sens, descendant aux cuisines pour faire bouillir de l'eau, sortant de la chambre avec des linges couverts de sang et regardant leur Roi avec compassion lorsqu'elles passaient devant lui.
Depuis plus d'une heure, plus personne ne passait dans ce couloir, mais Alix ne cessait de pousser des hurlements. Entendre sa femme souffrir ainsi était intenable. Pourquoi la Duchesse et la matrone n'arrivaient-elles pas à faire arriver ce bébé ?
Ce qui se passait de l'autre côté de cette porte était mystérieux pour Richard. Mais ce qu'il savait, c'est que les femmes mettaient d'ordinaire moins de temps pour donner naissance à leur enfant. S'il devait attendre une heure de plus, il n'y survivrait pas.
Richard releva la tête, réalisant soudain que les cris venaient de cesser. Son sang battait si fort dans ses tempes qu'il avait du mal à entendre ce qui se passait de l'autre côté de la porte. Il allait se lever de sa chaise quand un braillement retentit à travers les murs du château. Il était père ! Alix lui avait donné un enfant ! Mais était-elle toujours vivante ?
La porte de leur chambre s'ouvrit, le laissant voir sa femme rayonnante sur le lit. La Duchesse de Kervignag s'engouffra à l'extérieur et referma rapidement la porte derrière elle.
« Félicitations, Sire, c'est une petite fille. » dit elle en déposant un petit bébé dans ses bras.
« Vous en êtes sûre ? »
« Je suis peut-être idiote, mais je sais encore reconnaître une fille d'un garçon. » répondit-elle.
« Oui, bien sûr, je ... Je n'ai pas vraiment l'habitude ... d'avoir des enfants. »
« Alix se porte bien même si elle est très fatiguée. Elle devrait reprendre des forces après quelques jours de repos. »
Richard se sentait complètement stupide face à celle qui venait de donner le jour à sa fille. La Duchesse prenait soudain une autre dimension pour lui. La petite fille paraissait en parfaite santé. Elle ne criait même pas dans les bras de son père.
« Regardez comme elle est sage. Elle se comporte déjà comme une princesse ! »
« Princesse Liutgarde, laissez-moi vous présenter votre marraine, la Duchesse de Kervignag. »
« Liutgarde ? Gardienne du peuple ? » demanda Dagena.
« Car lorsqu'elle épousera Thietmar de Saxe, elle nous apportera la protection d'un des plus important duché d'Europe, et l'attention de l'Empereur. Voulez-vous bien descendre dire à mon coursier de se partir dès maintenant pour la Saxe ? »
Après avoir salué la Duchesse, Richard se dirigea vers sa chambre, tenant le petit bébé dans ses bras. Il voulait voir sa femme et s'assurer qu'elle était en bonne santé.
« Vous avez rencontré notre petite princesse ? » demanda Alix en le voyant rentrer.
« Vous avez donné au royaume une fille en parfaite santé. Espérons qu'elle égale sa mère en beauté et en grâce. »
« Pouvez-vous me faire une promesse Richard ? » lui demanda-t-elle, semblant ne pas avoir entendu sa dernière phrase.
« Tout ce que vous voudrez, ma mie. »
« Pouvez-vous faire en sorte que Liutgarde reste auprès de moi lorsqu'elle sera grande ? Je ne pourrais souffrir de la voir partir dans une terre étrangère pour ne jamais plus la revoir. »
« Je suppose que le Duc acceptera que son fils vienne vivre sur notre île, puisqu'il a déjà un héritier... Et je vous avouerai que je ne suis pas prêt non plus à me séparer de ce petit ange. »
Il embrassa le front de sa fille et lui dit :
« Vous venez juste de naître et vous nous posez déjà des problèmes diplomatiques, princesse ! Mais votre mère est malheureusement la si bel que nul homme ne pourrait résister à sa volonté. »
Il jeta un regard complice vers son épouse, mais elle s'était endormie. La pauvre Alix avait déjà la santé fragile et cet accouchement l'avait vidée de ses forces.
« Venez avec moi et ne faites pas de bruit. Nous allons vous laisser aux soins de votre nourrice, votre maman a besoin de se reposer. » chuchota-t-il à l'oreille de sa fille. « Elle aura besoin de toutes ses forces pour vous donner un petit frère. »
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