Ermentrude n'est pas convaincue

Mai 1013.

Ermentrude n'aimait pas les cérémonies officielles. Elle devait toujours se tenir au premier rang, sous le regard de tous leurs sujets qui ne manquaient pas d'épier leurs moindres faits et gestes. Les regards se posaient naturellement sur celle qui était, aux yeux de la Cour, la princesse toujours disponible. Celle grâce à laquelle ils pourraient se rapprocher de la famille royale. Tous ces regards de rapaces la mettaient réellement mal à l'aise.

« Pourquoi est-ce que père n'est toujours pas arrivé ? » demanda-t-elle à son frère.

« Il doit sûrement veiller à ce que quelqu'un s'occupe bien d'Othon pendant la messe. »

Son frère l'énervait par sa continuelle nonchalance. Il ne semblait pas se soucier du fait que sa vie avait été menacée il n'y a pas si longtemps par ce même petit frère. Il n'avait même aucun ressentiment vis-à-vis d'Othon, contrairement à ses sœurs.

« Je n'ai pas envie que père se remarie ! La dernière fois, nous avons hérité de cette affreuse Sophia et je ne veux pas que ça recommence. »

« Ne vous inquiétez pas, ma sœur. J'ai rencontré Dame Mathilde un peu plus tôt dans la matinée, et je puis vous assurer qu'elle n'est que gentillesse et tendresse. Et n'ayant pas d'enfants elle-même, il lui tarde d'être pour nous la plus délicate des mères. »

« Mais ce ne sera pas notre mère ! » répliqua Ermentrude.

« Je suis sûr qu'elle sera très gentille avec nous. »

« On voit que vous n'avez pas connu Sophia. »

« Non, mais je fais confiance à Liutgarde. »

« Et voyez surtout comment notre père est heureux depuis qu'il prépare ce nouveau mariage. Le comté de Flandre est un territoire puissant et cette alliance est très importante pour notre famille. »

« Vous ne songez donc qu'aux alliances, vous aussi ? »

« C'est notre unique devoir en tant que princesses. » répondit sa sœur avec fierté. « Nous devons nous montrer dignes de notre condition et affronter l'avenir avec courage. »

Mathilde de Flandre rentra dans la cathédrale et le silence se fit immédiatement dans l'assemblée. On n'entendait plus que les trompettes qui sonnaient à l'extérieur, se mêlant au bruit des cloches de Saint-Gildas. Le roi suivit et tout le monde se leva à son arrivée. Il vint embrasser chacun de ses enfants avant de se diriger vers l'autel.

Ermentrude avait les yeux pleins de larmes, mais contrairement à sa grande sœur, ses larmes n'étaient pas dues à l'émotion. Elle ne pouvait pas assumer le regard de la foule sur son père et elle n'osait pas le regarder, de crainte qu'un regard de plus sur lui ne lui soit fatal. Sa sœur ne voulait pas le voir, mais il était abattu ces derniers temps. Ils pouvaient tous jouer aux dupes et se voiler la face, mais chacun sentait que les grandes heures du roi de Pradvael étaient derrière lui.

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Comments

[Pradvael]

A 11 ans, Ermentrude est déjà très consciente de tous les inconvénients d'être une princesse. C'est peut-être de voir sa sœur aînée qui va bientôt se marier qui l'inquiète.

[Mylord31]

que de préoccupations pour cette jeune fille