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Le Royaume de Pradvael
6 février 2011

Deifrida est seule avec le vicomte

Juin 1014.

1

Foulques n'était pas du genre à la laisser gagner parce qu'elle était une fille. C'était une des choses qu'elle se devait de mettre dans la liste des bons côtés qu'il y avait à l'épouser. Il avait eu le temps de faire mettre Zeus à l'étable et l'attendait avec son air suffisant au pied du château d'Uzel.

"J'espère que vous n'allez pas pleurer votre défaite comme une fillette. En revanche, vous avez le droit d'acclamer ma brillante victoire."

"Vous n'avez rien gagné du tout. J'ai décidé de vous laisser me devancer de peur que vous ne pleuriez comme une fillette."

2

"Sachez qu'un noble seigneur ne pleure jamais !"

"Fort bien, ne vous emportez pas ainsi. Est-ce que Mahaut est ici ?"

"Non, elle déjeune chez Monseigneur Guido avec son futur fiancé." répondit-il d'un ton sec.

Deifrida se rendit compte de la maladresse de sa question. C'était Foulques qui l'avait invitée et elle voulait déjà s'échapper auprès de sa soeur.

"J'ai entendu dire que votre père avait fait réaliser une superbe tapisserie pour votre chambre ? Pourrais-je la voir ?" demanda-t-elle pour se rattraper.

Elle savait combien Foulques pouvait être fier de la moindre chose qu'il possédait et qu'il se sentirait flatté par la requête.

"Je suppose que nous avons le temps avant le déjeuner. Suivez-moi !"

3

Deifrida eut un frisson lorsqu'elle rentra à l'intérieur du château d'Uzel. L'endroit était toujours aussi lugubre et l'air aussi glacial et poussiéreux, en été comme en hiver. Le comte et la comtesse recevaient peu par manque de moyens et le nombre de leur serviteurs déclinait de jour en jour. Le château était très mal entretenu et d'immenses toiles d'araignées se tissaient entre les lustres et les murs. Elle ne pouvait pas imaginer qu'elle devrait un jour vivre ici. Même avec toute la bonne volonté du monde, il serait difficile de faire de ce château un foyer chaleureux et accueillant.

4

Après avoir monté deux étages, elle arriva enfin dans la chambre de Foulques. Son père serait probablement dans une colère noire s'il apprenait qu'elle s'était retrouvée seule dans la chambre d'un garçon sans chaperon. Fort heureusement, il y avait tellement peu de servants dans ce château que personne ne risquait de les surprendre.

"Et voilà la fameuse tapisserie !" s'exclama Foulques avec un geste grandiose. "Elle vient de France !"

"On pourrait s'en douter, avec toutes ces fleurs de lys. Elle est vraiment magnifique !" ajouta-t-elle, décidée à améliorer l'humeur de son ami.

5

"Mais aucune tapisserie au monde ne sera aussi belle à mes yeux que vous, ma douce amie."

Deifrida n'était pas particulièrement romantique dès lors que la jeune fille concernée n'était pas une autre personne. Il était bien plus drôle de voir Mahaut rougir sous les déclarations de Piero que de recevoir elle-même un compliment. Pourtant, elle ne put s'empêcher d'être touchée par une phrase aussi simple et aussi élégante. Elle s'en voulait presque de faire preuve d'autant de sensiblerie.

6

En face d'elle, Foulques s'approchait insensiblement d'elle et elle ne savait pas ce qu'elle était supposée faire. Après tout, dans quelques années, ils seraient mari et femme. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à son amie Liutgarde qui était déjà mariée à cet homme effrayant. Au moins avait elle la chance de connaître le visage de celui qu'elle allait épouser, et il était loin d'être désagréable à regarder. Elle était particulièrement attirée par ses yeux gris qui lui donnait un air si fragile.

7

Elle fut projetée hors de sa rêverie lorsqu'elle sentait quelque chose sur ses hanches. Foulques était en train de la tenir entre ses bras. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Tout se passait si vite. Qu'allait-il vouloir faire maintenant ? Sa mère avait été absolument stricte sur ce qui ne devait pas se passer avant le mariage. Elle regarda le lit de Foulques et la peur se lisait sur son visage. Elle était seule, dans une pièce où se trouvait un lit, avec un jeune homme épris d'elle.

"Ne vous inquiétez pas, ma belle dame. Je n'atteindrais pas à votre vertu. Mon père n'est peut-être plus un homme très religieux, mais j'ai une trop haute idée de vous et du sacrement du mariage pour commettre un tel crime. Mais si vous m'accordez juste le privilège de pouvoir vous tenir encore quelques secondes dans mes bras, je serais le plus heureux des hommes."

Deifrida se détendit instantanément entre les bras de son futur fiancé. Finalement, Foulques devenait de jour en jour quelqu'un de meilleur. Elle pensa à Liutgarde qui n'avait pas eu cette chance dans le choix de son futur époux. Au moins pourrait elle essayer d'être heureuse.

< Foulques lance un défi à Deifrida

Hugues a des raisons de s'inquiéter >

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Commentaires
L
On peut espèrer un mariage heureux...
M
on peut dire qu'elle a tiré le bon numéro...
Le Royaume de Pradvael
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