Le Prince de Pradvael découvre son pouvoir
Juillet 1010.
Richard poussa un soupir dont l'écho résonna longuement dans la grande salle vide du château d'Uzel. La Comtesse d'Uzel venait de lui faire lecture d'une lettre de son père l'informant de la naissance du Prince Othon. Il lui priait d'être bon avec ses hôtes et lui promettait qu'il pourrait bientôt rentrer à Pradvael, après que la Reine se soit remise de ses couches. Cela faisait bientôt un an qu'il résidait à Uzel et son père ne semblait toujours pas près à le voir revenir. Qu'avait-il pu faire qui puisse mériter cet exil prolongé ?
La vie ici était difficile, si on exceptait les repas. Le château n'était pas chauffé et Richard était réveillé toutes les nuits par les pleurs d'Arnould, le dernier fils du Comte.
Il entendit la porte s'ouvrir derrière lui. Dame Mahaut devait avoir terminé sa leçon de latin avec le Père Giovanni. Il se leva pour la saluer.
« Je crois que si j'apprends une déclinaison de plus, ma tête va exploser ! » lui dit-elle avec un grand sourire.
« Je déteste le latin, moi aussi. Mon père veut absolument que je sache lire, mais je ne vois pas à quoi ça peut servir alors qu'il y a des clercs qui peuvent lire et écrire pour nous. » répondit-il.
Mahaut était la seule personne de son âge dans ce château et même si elle ne brillait pas par son intelligence, elle était d'agréable compagnie.
« Et je me demande qu'elle peut-être l'utilité d'apprendre le latin alors que je n'aurais jamais a écrire des lettres à des personnages importants. Je suis promise au fils du Père Giovanni, voyez-vous... Mais vous, Votre Altesse, vous avez un grand besoin d'avoir toutes ces connaissances. Un jour, vous serez Roi. »
« Un jour … » maugréa Richard. « Mais ce jour est bien loin ! Je voudrais plutôt m'amuser ou apprendre à combattre à l'épée. Mon père me trouve trop jeune pour le combat, mais pas pour apprendre la lecture... »
« Mais imaginez que vous vous blessiez au combat ! Pire, que vous mourriez ! Il veut sûrement vous protéger. Après tout, vous êtes l'héritier du trône. »
« Je ne pense pas que mon père se soucie beaucoup de moi en ce moment. Il n'est jamais venu me voir à Uzel alors que notre château n'est qu'à quelques heures de route d'ici. »
La Comtesse apporta le déjeuner.
« Votre père se soucie beaucoup de vous » dit elle. « Mais vous devez comprendre qu'en tant que Roi, il a de grandes responsabilités et qu'il doit passer ses journées à prendre des décisions importantes. Croyez bien qu'il aimerait être davantage à vos côtés. Mais quand vous saurez lire et écrire correctement, vous pourrez correspondre avec lui. »
« Dame d'Uzel, savez-vous pourquoi le Roi a décidé de me faire vivre ici ? » demanda-t-il.
« Vous ne vous plaisez pas à Uzel ? »
« Si, mais je voudrais savoir. Pourquoi m'éloigner de lui ? »
« Il ne vous éloigne pas de lui, Votre Altesse. Il voulait seulement que la Reine puisse se reposer. Vous savez que donner naissance à un enfant est très fatiguant pour une femme. »
« Ce n'est pas la vraie raison. » dit-il froidement. « Vous avez donné naissance à votre deuxième fils il y a peu de temps et pourtant vous voilà à déjeuner et converser avec nous. Je suis assez grand pour savoir la vérité. Donnez moi la vraie raison. »
« Votre Altesse, je puis vous assurer qu'il n'y en a pas d'autre. »
Richard pouvait voir à quel point la Comtesse était mal à l'aise, mais il n'en avait cure. Elle connaissait la vérité et il voulait l'obtenir.
« Vous allez écrire une lettre à mon père que je vous dicterai. Je me demande quelle sera sa réaction quand je lui ferais état de la façon dont je suis traité ici. »
« Mais … vous êtes parfaitement bien traité ! » dit la Comtesse en devenant blême.
« Si vous êtes autorisée à mentir, je ne vois pas pourquoi je n'en ferais pas de même. »
L'ascendant qu'il semblait avoir sur cette femme était tout à fait grisant. Il savait qu'elle se plierait à sa volonté car il avait déjà le pouvoir de créer ou détruire des hommes.
« Le … le Roi craignait pour votre sécurité à Pradvael. Des rumeurs d'assassinat circulaient à votre sujet et il nous a demandé de vous héberger ici le temps de vérifier si ces rumeurs étaient fondées. Sa Majesté tient à vous plus que tout au monde. »
Le cœur de Richard battait à tout rompre dans sa poitrine. Il ne s'était pas douté que la vérité puisse être plus inquiétante encore que les mensonges qu'on lui donnait pour le protéger. Mais il décida de ne rien montrer de sa peur à la Comtesse au risque de perdre le pouvoir qu'il venait d'obtenir sur elle.
« Vous voyez, Comtesse, ce n'est pas si difficile de dire la vérité. »
< Sophia se fait prendre à son propre jeu
Elad fait le récit des invasions danoises >
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F04%2F34%2F651058%2F65063788_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F56%2F75%2F651058%2F64949544_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F63%2F46%2F651058%2F64907544_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F30%2F99%2F651058%2F64598295_o.jpg)