Affiath confond ses priorités
Mars 1007.
Le froid était encore saisissant dehors, comme mille couteau lui transperçant la peau. Mais le cœur d'Affiath était déjà transpercé d'une douleur si grande qu'aucune dague n'aurait pu la causer.
Il se rappela le jour où Donada lui avait annoncé fièrement la naissance de leur petite fille. Il se souvint comment il avait insisté auprès d'elle pour qu'elle enfante à nouveau. Il souhaitait ardemment un fils.
La vision de son ami le rappela à la réalité. Urbien était quelqu'un de simple, mais qui avait les pieds sur terre. Il saurait le conseiller.
« C'est une petite fille ! » s'écria Urbien.
Affiath mit quelques secondes à comprendre de quoi il parlait, puis il se souvint que Frotlina était également enceinte.
« Et on dirait que tu t'en réjouis. »
« Le Seigneur m'a déjà donné un fils bien portant. Et je sais que Frotlina voulait tant une petite fille depuis le décès de Frotberga. C'est un cadeau du ciel. Nous l'avons appelée Gotberga. »
« Viens, rentrons à l'intérieur, j'ai besoin de ton conseil, Urbien. »
« Tu n'as pas l'air au mieux. Comment se porte Donada ? Seigneur ! C'est Donada ! » s'écria Urbien qui venait de comprendre en lisant l'expression sur le visage d'Affiath. « Qu'est-il arrivé ? »
« Elle vient de donner naissance à un petit garçon, ce matin. Mais depuis, elle souffre d'une forte fièvre. La matrone m'a dit qu'elle ne passerait pas la nuit si la fièvre ne baissait pas. » chuchota-t-il en lançant un regard vers Dianaim qui étudiait son latin.
« Si je peux faire quoi que ce soit... »
« J'ai déjà envoyé chercher le Père Giovanni. Mais c'est un problème bien plus important qui me préoccupe. »
« Ta femme est mourante, Affiath. Je ne vois aucune autre chose qui ne puisse préoccuper davantage ton esprit. »
« Ce qui m'inquiète, c'est que le frère de Donada est maintenant Roi d'Écosse. Et Máel Coluim est quelqu'un de très impulsif. Après tout, il a tué son oncle et son cousin pour accéder au trône. Dieu sait ce qu'il me fera s'il apprend que sa sœur est morte à cause de moi. » dit il en se signant.
« Il n'aura plus grand chose à faire de toi si tu continues à parler ainsi. Ta femme est mourante, Affiath ! Et la seule chose qui te préoccupe c'est de savoir si Máel Coluim va venir sur notre île pour te tuer comme il a tué la moitié de sa famille ? Il pourrait même déclarer la guerre au Roi Richard, pour ce que j'en ai à faire, mais la seule personne à qui tu dois penser en ce moment, c'est Donada. »
« Tu ne comprends pas, Urbien. Je lui ai promis, le jour de mes épousailles, que je veillerai sur sa sœur et que rien ne lui arriverait. »
« Tu auras alors appris qu'on ne doit pas tenir de telles promesses. Seul notre Seigneur peut choisir quand nous devons partir. »
« M... mais, il m'a dit qu'il me tuerait, ainsi que tous les membres de ma famille s'il arrivait quoi que ce soit à Donada. Il m'a dit qu'il envahirait notre île. Et maintenant, Donada va … elle va mourir, et ... »
« … et la seule chose que tu puisse faire c'est de rester à son chevet et de prier à ses côtés. Demain sera le jour où tu iras parler au Roi. Aujourd'hui, tu dois rester aux côtés de ta famille. Tel est mon conseil, mon ami. »