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Le Royaume de Pradvael
19 octobre 2009

Foulques fixe un horizon incertain

Août 995.

Foulques scrutait l'horizon par la fenêtre de sa chambre. Ou plutôt, par la fenêtre de sa prison. Le Duc avait été tout à fait clair, ce serait l'alliance ou la mort. Foulques s'était bien gardé d'en parler à sa femme. Il s'en sortirait, comme toujours, et bientôt cette histoire ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Son visage s'éclaircit à la vue de la Duchesse.

1

« Cher Comte, je viens de faire une promenade fort agréable aux côtés de votre épouse. C'est une femme charmante, elle mérite toute votre attention. »

« Et croyez bien que je m'y emploie avec le plus grand soin, Votre Grâce. »

« Votre chambre est-elle à votre goût ? »

« Nous avons tout ce que nous pourrions désirer. Vous remercierez votre mari de tous les soins qu'il nous porte. »

2

« Je n'y manquerai pas. Savez-vous que le Roi et la Reine viennent dîner ce soir ? »

« Je n'ai pas encore reconnu leur autorité sur mon comté. Ils ne sont donc pas monarques pour moi. »

« Ah, si vous saviez comme ces formalités politiques m'ennuient ! Je n'y comprends rien. »

« Je suis bien las moi aussi de ces changements. » dit il en riant. « Si seulement tout pouvait rester comme avant. Vous ne croyez pas que cette idée de royaume est dangereuse ? »

3

« Dangereuse ? Allons donc ! » dit Dagena en balayant l'idée d'un geste de la main. « D'après ce que mon mari m'a expliqué, c'est assurer notre avenir que de devenir un royaume. Nous allons pouvoir nouer des alliances avec des pays bien plus importants et assurer la protection de tous les habitants de ces îles. »

« Vous semblez vous y connaître bien plus que vous ne le laisser croire. »

4

« En tant qu'épouse du Duc de Kervignag, c'est mon devoir que de chercher à comprendre ce genre de choses. »

« Je crois que vous en savez plus que vous ne le dites, Dagena. » dit Foulques avec un sourire qui n'avait plus rien de jovial. « Vous savez que votre mari vient de renoncer à la toute puissance sur son duché ? Et qu'il veut que je fasse de même sous peine de mort ? »

5

« Sous peine de mort ? Je vous reconnais bien là, Foulques ! Toujours à exagérer. » dit elle en souriant.

Foulques voyait bien qu'elle essayait d'apaiser la situation. Dagena avait toujours eu un talent pour dominer la situation en société et pouvait faire entendre raison à n'importe qui. Mais aujourd'hui, l'enjeu était trop grand pour que Foulques se laisse berner.

« Dagena, je vous en supplie, au nom de l'amitié que vous portez à Pétronille ! Ma pauvre femme ! Voulez-vous la voir finir sa vie dans un cachot parce que nous refusons de prêter hommage à Richard ? »

6

« Dans un cachot ? Qui vous a fait croire des choses pareilles ? »

« Ce sont les mots mêmes de votre mari. Le Duc, m'a fait comprendre que si je refusais de prêter hommage, je serais prisonnier à Kervignag. »

« Alors pourquoi refuser cet hommage ? »

« Le comté d'Uzel appartient à ma famille depuis trois générations ! » s'emporta Foulques.

Il se faisait à nouveau berner par le vif esprit de Dagena. Il devait reprendre son calme. Sa survie dépendait uniquement de cette femme.

7

« Nous sommes allés au château de Pradvael il y a une semaine et Richard nous a bien fait comprendre que le duché de Kervignag resterait dans notre famille tant que des héritiers mâles pourraient transmettre le titre. Si jamais un Duc venait à mourir sans héritier, le duché reviendrait à la couronne. Je ne vois absolument pas où est le problème. »

« Si je viens à mourir, le comté d'Uzel reviendra à Pétronille, pas à Richard, voilà la différence ! »

« Voyons, Foulques ! Vous voyez Pétronille administrer tout un comté ? La pauvre ! Votre femme a bien des qualités, mais celle de diriger les hommes n'en fait pas partie. Elle n'oserait même pas demander un service à un garde de peur de le déranger. »

« Pétronille ferait une parfaite comtesse si elle avait à assumer ce rôle ! Ce qui ne tardera pas une fois que le Roi m'aura fait mettre à mort. »

8

« Donc selon vous, il obtiendra vos terres, soit par l'hommage, soit en vous faisant assassiner ? »

« Exactement ! » s'emporta Foulques.

Elle avait enfin compris.

« Mais qu'est-ce qui vaut mieux pour vous et votre épouse ? Mourir maintenant après un enfermement forcé ? Ou vivre vieux, quitte à prendre le risque que vos terres reviennent un jour à la Couronne ? Pensez un peu à Pétronille ? Vouloir mourir dès maintenant serait mal avisé. Un an seulement après votre mariage ! »

Comment la Duchesse pouvait-elle ainsi tourner son malheur en dérision ? Si elle avait renoncé à ses prérogatives sur ses terres, il n'était pas prêt à en faire autant.

9

« Ainsi vous soutenez votre mari ? Et Richard ? Si je refuse de prêter hommage, me regarderez-vous droit dans les yeux tandis que vous m'enverrez à la mort ? »

« Ça suffit, Foulques ! Je soutiens mon mari comme n'importe quelle femme doit le faire. Et je le fais parce que je crois que la cause de Richard est juste. Il accepte un lourd fardeau pour assurer la vie et la prospérité de tant de personnes ! J'aimerai que vous ayez ne serait-ce qu'une once de son courage. »

10

Foulques contempla la majesté de Dagena alors qu'elle se retirait dans sa chambre. Cette femme venait de sceller son destin. La Duchesse s'était montrée sans pitié aucune. Par sa faute, il serait mis à mort. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Pétronille. S'il venait à mourir et que Richard s'emparait de ses terres, elle redeviendrait une simple paysanne et mourrait de honte et de chagrin. Il ne pouvait supporter cette idée. Le soleil se couchait derrière le château de Pradvael et Richard n'allait pas tarder à arriver. Foulques devrait prendre une décision, et il devrait la prendre rapidement.

< Hugues se met à l'épreuve de la tentation

Dagena lutte contre le fantôme du passé >

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Commentaires
L
Quelle tête de mule ce Foulques !
M
c'est une fine négociatrice cette Dagena !
K
Aie ! Mal pris ce cher Foulques lol
Le Royaume de Pradvael
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