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Le Royaume de Pradvael
6 octobre 2009

Hugues se met à l'épreuve de la tentation

Août 995.

« Le Très Honorable Comte d'Uzel ! » avait annoncé un garde avant de le laisser rentrer dans la grande salle du château de Kervignag.

Hugues laissa transparaître un ennui visible sur son visage avant d'aller accueillir son hôte.

« Cher Comte ! Que me vaut cette visite ? »

1

Le Comte d'Uzel était peu apprécié sur l'île. On racontait qu'il affamait ses serfs pour assouvir son insatiable appétit. Que ce soit la vérité ou non, le Comte ressemblait maintenant plus à un porc qu'à un seigneur et son goût pour les banquets était bien connu. Hugues ne l'appréciait guère. Il semblait avoir oublié l'honneur qui incombait à tout seigneur, celui de se combattre ses ennemis et de protéger ses serfs. Depuis combien de temps ne l'avait-on pas vu sur un champ de bataille ? Il excellait dans l'art de se faire oublier quand les temps étaient troubles.

« Votre Grâce. » répondit simplement le Comte avec ce sourire qui avait le don de mettre le Duc hors de lui.

« Comment va la Comtesse ? » demanda Hugues, soucieux de connaître le motif de sa visite.

« Elle va très bien. Elle est sur la plage avec la Duchesse et vos chiens. »

« Alors vous êtes nos hôtes pour ce soir. Nous vous ferons aménager une chambre. » dit il en lançant un regard vers le garde qui monta à l'étage.

Si le Comte avait prit la peine de traverser la mer avec son épouse, c'est qu'il venait pour des affaires importantes, et Hugues ne voulait pas que les serviteurs en apprennent davantage.

2

« C'est trop d'honneur, cher Duc. Maintenant que nous sommes seuls, je vais pouvoir m'entretenir avec vous au sujet de ma visite. C'est à propos de Richard. Avez-vous prêté hommage ? »

« J'ai reconnu l'autorité de Sa Majesté sur les îles de Pradvael et Kervignag. »

« Alors vous renoncez à vos terres ? » demanda le Comte avec un petit sourire.

3

« Mes terres appartiennent maintenant à la couronne, en effet, mais je reste le maître de mon duché. »

« Tant que vous êtes en vie... Et si le roi vous faisait assassiner pour récupérer vos terres ? »

« C'est tout bonnement ridicule ! Richard et moi nous connaissons depuis l'enfance. Je lui fait une totale confiance. »

« Une confiance aveugle. » précisa le Comte.

« Où voulez-vous en venir, Foulques ? »

4

« J'ai reçu une lettre de Richard, qui ose se proclamer roi, me sommant de venir lui prêter hommage afin de conserver mon comté. Uzel appartient à ma famille depuis trois générations maintenant, et je ne vois pas pourquoi je devrais me soumettre à un seigneur voisin afin de nourrir ses ambitions. »

Hugues était interdit. Foulques n'avait donc rien comprit. Ces nuits passées à festoyer et à boire avaient donc fini d'endormir son esprit ?

5

« Savez-vous ce qui se passe sur le continent ? J'imagine que vous êtes trop occupé pour vous tenir informé des nouvelles diplomatiques. Le Roi des Francs a défié le Pape, à maintes reprises. Et il essaye de prendre le contrôle de la Bretagne. Vous vous trompez d'ennemi, Foulques. C'est vers l'est que vos regards doivent se porter. La Bretagne résiste toujours, mais un jour ou l'autre, le Roi Hugues finira par arriver jusqu'à nous. Et croyez-vous qu'il nous proposera de lui prêter hommage ? Il tuera femmes et enfants pour distribuer nos terres à ses seigneurs. Nous vivons des temps troubles, et il ne faudrait pas se tromper d'ennemi. »

« Je vous reconnais bien là, Hugues, toujours aussi pessimiste ! »

6

« Car vous pensez pouvoir défier à vous seul le Roi des Francs ? »

« Et si nous anticipions sa venue ? Si nous lui offrions des présents en gage de notre amitié ? Pourquoi ne pas prêter hommage dès à présent à la puissante couronne de France et éviter des guerres inutiles ? Réfléchissez bien, cher Duc. Pradvael serait en sécurité auprès du Roi Hugues. »

7

L'espace d'un instant, Hugues se prit à rêver. A songer à un autre avenir pour lui et son épouse. Un avenir plus facile. Mais un avenir basé sur la trahison de son plus ancien ami. C'était contre le principe même de la chevalerie. Contre les idéaux les plus beaux pour lesquels il s'était battus, ces idéaux dans lesquels il avait été élevé. Ce Comte d'Uzel, ce n'était qu'une épreuve supplémentaire. Mais sa fidélité serait telle les rochers de Pradvael, infranchissable.

8

« J'ai prêté hommage au noble Roi Richard, un grand seigneur et un ami. Et je lui serais fidèle malgré votre langue perfide. »

« Cher Duc, vous avez dû mal comprendre, je ne faisais que vous proposer une de mes idées ... »

9

« Maintenant, écoutez-moi, bien, misérable. » chuchota le Duc en se rapprochant de son hôte. « Je vais vous laisser jusqu'à demain pour réfléchir à vos ... idées. Si elles se retrouvent inchangées, alors vous et votre femme ne serez pas seulement mes ennemis, mais également mes prisonniers. Pour trahison à la couronne. »

Il entendit son épouse et la Comtesse revenir de la plage. Le Comte semblait terrorisé et sa respiration se faisait de plus en plus rapide.

10

« Et vous serez heureux d'apprendre que le Roi est justement invité à festoyer dans mon château ce soir. » reprit le Duc d'une voix claire et calme. « Ce sera pour vous l'occasion de lui exposer vos formidables théories. Je suis sûr que votre épouse sera très heureuse de rencontrer Sa Majesté la Reine. On la dit de très agréable compagnie. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai quelques lettres à envoyer. » dit Hugues en montant faire envoyer une lettre au Roi.

 

Il entendit des éclats de rire provenant du rez-de-chaussée. Le Comte d'Uzel accueillait avec son habituelle bonne humeur les deux dames qui revenaient de leur promenade. Il était certes doué pour la dissimulation, mais il ne tromperait pas le Roi très longtemps. Hugues l'avait dit à son ami Richard lorsqu'il était venu lui prêter hommage. Leur pire ennemi se trouverait d'abord à l'intérieur.

< Dagena découvre le palais d'un potier

Foulques fixe un horizon incertain >

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Commentaires
P
Espérons que ces deux petites îles demeureront isolées et inconnues le plus longtemps possible.
L
Ah mais c'est vrai que les frontières étaient tout autres en ce temps là.... d'où ces guerres perpetuelles !
Le Royaume de Pradvael
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